jeudi 21 juin 2012

Le silence de Marina



Ces derniers temps je ne dors pas bien du tout.
Certes, j'ai eut une semaine difficile d'examens, et une perte dans ma famille proche.
Mais ça ne s'explique pas par ça.
non.
Ces derniers temps je dors mal. Je cogite.
Je pense à un procès.
Une histoire sordide qui se déroule en ce moment même dans un silence généralisé.
Pas des médias non.
Ça fait leurs gros titres, au contraire.
Non, de nous. Les blogueurs, les facebookiens, et twitteriens.

Les histoires liées aux enfants me touchent extrêmement depuis que je suis devenue mère.
Projection inconsciente de ma propre famille, peut être.
Mais celle-ci me touche totalement et je serais bien incapable d'expliquer pourquoi.

Depuis que s'est ouvert le procès de Marina, il n'y a pas un jour sans que je pense à cette petite fille, au visage de Mickey Rourke tuméfié post boxing, et au regard si douloureux.
Pas un jour sans que tourne en boucle dans ma tête, l'image de cette petite fille, roulée en boule sur le sol froid d'une cave obscure, souhaitant bonne nuit à sa maman qui vient de la tabasser.

Pour la première fois de ma vie, j'ai pleuré sur l'histoire d'une personne que je ne connais ni d'Eve, ni d'Adam.
Connaître le calvaire qu'a enduré cette enfant pendant 6 ans, dans le silence et l’indifférence générale me donne des envies de meurtres.
Connaître le suprême affront que ses géniteurs ont fait à son petit corps après l'avoir tué, me donne envie de vomir.

Ces derniers temps, mes gestes, et les rapports que j'ai avec ma fille ont changés.
Au même titre qu'Emma, qui en parle très bien sur sa page, je regarde ma fille différemment.
L'avoir dans mes bras me rappelle Marina qui n'a connu que les coups.
La voir avaler son lait me rappelle cette enfant à qui on faisait avaler du vinaigre et du sel.
La voir jouer dans son bain chaud me rapporte à cette petite fille qu'on noyait dans un bain glacé.

Guizmo est dans sa période de "terribeul girl". Et pourtant, même si elle pousse le bouchon loin en ce moment, je n'arrive pas à sortir de mes gonds.
Je n'arrive pas à m’énerver ou me fâcher contre elle.
Ce n'est qu'une petite fille, et ça serait me rapprocher de ces monstres.
Et je le refuse de toutes mes forces.

Hier, quand Guizmo m'a dit, après s’être roulée en boule en tenant son doudou. "Bonne nuit Maman" comme l'avait fait cette autre petite fille, j'ai pleuré. Pleuré sur une petite fille aussi belle que la mienne, une petite fille qui aurait mérité d'avoir la même vie, la même joie de vivre, la même tranquillité en s'endormant.
Une petite fille qui n'a pas cessé de crier son amour à des parents qui ne le méritaient même pas et qui a tout supporté en silence, les défendant même.

Je ne suis pas une personne vindicative ou mauvaise, mais je souhaite, ô oui je souhaite de toute mes forces, et du plus profond de mon coeur, que ces personnes des services sociaux, toutes ces personnes qui SAVAIENT, toutes ces personnes qui n'ont rien fait; ô oui, je souhaite qu'elles ne puissent plus dormir la nuit comme moi je ne dors plus, et que flotte longtemps devant leurs yeux, le regard d'appel au secours dans le visage faussement souriant de Marina.
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